RASSEMBLEMENT SOLIDAIRE CONTRE LA REPRESSION (partie 2)

Voir aussi : Droits de l'homme et des catalans à Oxford

Mercredi 21 octobre 2020, devant l'Ambassade d'Espagne à Paris, à l' appel du Collectif pour la Libération des prisonniers politiques catalans, de l' ANC France et du CDR Paris, se sont rassemblés des élus, des responsables d'organisation démocratiques, des citoyens, pour protester contre la destitution du Président élu de la Generalitat par le Tribunal Suprème espagnol et contre la répression qui continue après la condamnation à cent ans de prison de 9 responsables et leaders catalans pour avoir organisé pacifiquement le référendum du 1er octobre 2017 et pour avoir manifesté pacifiquement en sa faveur...

Face à ces attaques à la démocratie, c' est un acte démocratique qui s'est tenu ce mercredi 21 octobre où chacune et chacun avec sa sensibilité et ses perspectives propres s'est exprimé et a donné ses raisons de s' unir pour la défense de la démocratie contre les dérives autoritaires qui menacent en Espagne et dans toute l' Europe.

Afin de contribuer à la préparation de nouvelles initiatives solidaires unitaires qui devront être organisées, approfondies et élargies, nous publions sur le Blog du Collectif, "La Démocratie en procès", en trois parties afin d' en faciliter la lecture, les messages et interventions qui ont été faites lors de ce Rassemblement. N' hésitez pas à les faire circuler largement. . .

Message de Mme Clara Ponsatí, députée au Parlement Européen, ex Ministre de l' Education à l'exil du gouvernement Puigdemont

Ils ferment les sites Web, ils persécutent les dirigeants et les médias, ils confisquent les bulletins de vote, ils blessent brutalement les citoyens pour vouloir voter à un référendum, ils condamnent des hommes et des femmes politiques à des années de prison pour avoir fait usage des urnes, ils accusent les personnes de terrorisme, qu'ils sont ensuite forcées d'acquitter faute de preuves, Ils espionnent illégalement les mobiles des dissidents politiques et maintenant ils destituent un président démocratiquement élu, pour avoir simplement accroché une banderole proclamant «LA LIBERTÉ D'OPINION ET D'EXPRESSION»!

La dérive autoritaire de l’Espagne est une pente sans fin. Cette spirale de perte de liberté devient de plus en plus extrême et ne s'arrêtera pas à la volonté de l'Etat. Parce que l'objectif de l'Espagne reste ce qu'elle a maintenu tout au long de son histoire: nous faire disparaître en tant que peuple.

Je veux être honnête avec vous: l’Union européenne ne bougera pas le petit doigt pour les Catalans tant que nous ne serons pas un vrai problème pour la stabilité de l’Espagne.

Ce ne sera qu'en exerçant l'indépendance avec la légitimité des votes et de la force dans la rue, que nous changerons les intérêts géopolitiques. Nous n'avons qu'une seule option: les mettre contre les cordes. En France, pays des Lumières, et au sein de l'Union européenne: ils n'auront pas le choix . Soit à côté de la démocratie et des droits de l'homme, soit aux côtés de l'autoritarisme. C'est scénario que nous devons atteindre.

Mais être honnête avec vous, c'est aussi dire "oui, nous avons la force de le faire". Ne les laissez pas vous dire non! Oui, les gens sont prêts à faire des sacrifices! Oui, les Catalans sont conscients que la liberté a déjà un prix qu'ont payé de nombreux autres peuples dans le monde, et nous sommes prêts à l'assumer!

Gardez la tête haute, ne baissez pas les bras ni ne vous découragez, restez mobilisés et exigez aux politiques de faire leur travail! Nous gagnerons!


Intervention du Mr Paulu Santi Parigi, Sénateur de Haute Corse de "Femu a Còrsica"

Je tenais à être présent aujourd'hui parce que ces problèmes qui deviennent graves sont aussi les nôtres; nous les avons vécus et nous les vivons encore. Notre espoir en l' Europe, notre espoir en la Démocratie et bien aujourd'hui nous nous apercevons que pour certains la place de la démocratie est en prison. Vous avez toute notre solidarité. Il faut que ces choses cessent. Liberté pour les prisonniers!

Intervention de Mr Jean-Felix Acquaviva, Député de Haute Corse, Secrétaire Général de "Femu a Còrsica"

Bonsoir,
Je viens apporter ici le soutien des élus que nous sommes au Parlement français, des élus nationalistes, autonomistes, corses, bretons, qui sommes évidemment très attachés au droit à l' autodétermination; très attachés, parce que nous avons l'histoire, qui en parallèle des formes, a des points communs avec ce qui est vécu. Et ce que nous constatons avec vous, c'est l'extrême défaillance des institutions, de certains états, puisque on peut dire que l' Etat français devrait faire beaucoup plus concernant la situation de la démocratie en Espagne et en Catalogne, mais aussi les Institutions européennes. Cela est un premier point.

En ce qui nous concerne, fidèles et solidaires, nous avons créé et réalisé un certain nombre de démarches en collaboration avec vous depuis un moment. Ce que nous ferons c'est essayer de réactiver un certain nombre d'initiatives qui avaient vu le jour. Je pense aux signataires, députés et sénateurs, qui s'étaient manifesté sur le manquements aux fondamentaux de la démocratie et de la justice par rapport à la situation en Catalogne de la part de l' Etat espagnol. Et voir comment les réactiver et les réaliser, à l' annonce de cette nouvelle situation qui a été étayée par un certain nombre de faits précis qui démontrent que non seulement il n' y a pas de retrait mais plutôt une accentuation, y compris hors des frontières de la Catalogne, d'une répression qui n' a pas lieu d'être.

Nous allons voir comment nous pouvons servir d' écho, de caisse de résonance et être à vos côtés en tant qu' élus du peuple de Corse, du peuple breton, mais élus au Parlement, dans cette situation, en faisant partager avec le plus grand nombre possible cet acte de solidarité absolument nécessaire.

En tout cas en mon nom et de celui du Parti dont je suis le secrétaire général, "Femu a Còrsica" et aussi aunom de tous mes amis, longue vie et Viva Catalunya Lliure. Surtout ne cédez pas, même si l'usure peut prendre, parce que vous n' êtes pas seuls. Il faut rester solidaires dans ce genre de circonstances et nous le sommes.


Intervention de Mr Paul Molac, Député du Morbihan,

Bonsoir à tous.
Je crois que dans le temps qui nous occupe aujourd' hui, on n' a pas bien compris que les droits des citoyens et des peuples devaient au moins se conjuguer avec ceux des Etats. On voit bien aujourd'hui, que ce soit en France, que ce soit en Espagne, et là c'est encore plus visible évidemment, le droit des Etats passe avant les droits des populations, avant la démocratie, avant les Droits de l' Homme. C'est un vrai problème parce que nous voyons bien aujourd' hui que dans l' Europe où nous vivons, quelle est notre place dans les Etats dans lesquels nous sommes, mais quelle est aussi la place de ces Etats là, dans l' Europe.

Les faiblesses que nous avons viennent tout simplement de ces Etats-nation qui se sont faits au fur et à mesure de ces années et on voit bien aujourd'hui qu' on est à la fin d' un cycle et l' une des faiblesses que nous pouvons avoir, par exemple par rapport à la Turquie, c'est bien qu'il ne peut y avoir de voie au niveau européen et cela est un vrai problème. C'est un vrai problème tout simplement pour défendre les valeurs auxquelles on croit, à la démocratie d'une part et évidemment aux Droits de l' Homme.

Donc il me semble que le chemin qui a été engagé par les catalans est un chemin probablement d'avenir, on ne le sait pas encore aujourd'hui mais on le verra. Et c' est un chemin vers une Europe qui soit plus fédérale; je crois que c'est important parce qu'il faut bien voir quel est notre avenir. Ce ne sont pas les Etats-nation, tels que l'Espagne qui se crispe sur ce qu'elle a été et qui instrumentalise son propre droit contre les droits de l' homme. Cela évidemment n'est pas tolérable.

Je ne dirai pas aux catalans s'il faut qu'ils soient indépendants ou non, puisque cela leur appartient, mais il me semble qu'ils ont voté pour cela et comme je suis un démocrate et bien tout simplement j' en prends acte; et l' Etat espagnol devra également en prendre acte et trouver les moyens de sortir de cette crise. Je vous remercie.


Intervention de l' Union syndicale "SOLIDAIRES"

L’Union syndicale Solidaires réaffirme son soutien aux luttes de la population de Catalogne, pour son droit à l’autodétermination et condamne la répression exercée par le pouvoir espagnol. Ces deux axes, droit à l’autodétermination et dénonciation de la répression, sont ceux sur lesquels nous intervenons depuis le début de la crise ouverte en Catalogne, il y a plus de trois ans.

Le Tribunal suprême du Royaume d’Espagne n’a que faire des droits démocratiques, des droits des peuples ! C’est une situation qui n’est pas nouvelle, qui dépasse le cadre de la Catalogne et qui trouve sa source dans la fausse « transition démocratique » voulue par l’extrême-droite espagnole à la mort de Franco. La Constitution de 1978, et tout ce qui en découle, sont le fruit d’un compromis passé par les héritiers et successeurs directs du franquisme et sur les bases de ce que le dictateur Franco lui-même avait décidé. C’est un aspect essentiel de la situation, aujourd’hui encore !

La violente répression au moment du referendum d’octobre 2017, les condamnations d’octobre 2019, maintenant la destitution du président de la Generalitat, sont autant de coups portés contre les libertés. Cela vise bien entendu celles et ceux qui qui réclament l’indépendance de la Catalogne, mais cela nous concerne toutes et tous.

Face à cette situation, nous reprendrons ce que nous avons déjà exprimé lors de précédents rassemblements et réunions publiques : ce qui se passe en Catalogne, l’exigence d’autonomie en Corse, les referendums en Kanaky, les entraves au processus de paix au Pays basque, mais aussi la situation du peuple palestinien ou l’agression militaire envers le confédéralisme kurde, … avec tout cela, sous des formes diverses et à des degrés bien évidemment différents, l’actualité nous rappelle que la vie, et aussi la mort, ne se limitent pas aux frontières et aux Etats aujourd’hui « reconnus » ; reconnus par les organismes officiels pourrait-on dire ; organismes officiels, qui sont souvent des organismes de répression et négation des droits, si ce n’est directement au moins indirectement.

Indépendance ou non ? C’est à la population qui vit en Catalogne de décider ! Pas à d’autres. Et donc, pas à nous, organisations qui interviennent sur d’autres territoires ! Nous pouvons avoir des avis sur ces sujets ; ils peuvent être différents. Mais notre responsabilité commune est d’appuyer celles et ceux qui défendent les libertés et les droits fondamentaux ; en l’occurrence, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Les forces d’occupation de l’Etat espagnol doivent se retirer ; les prisonniers et prisonnières politiques doivent être libéré.es, toutes les poursuites doivent être abandonnées.

Nous dénonçons la violence étatique exercée envers la population de Catalogne. Nous soutenons les mouvements sociaux qui organisent la résistance, à l’image des syndicats qui avaient organisé la très forte grève du 3 octobre 2017, au lendemain du referendum : CGT, IAC, Intersindical-CSC, COS, CNT, COBAS, Solidaridad obrera. Plusieurs de ces organisations, notamment parmi celles membres du Réseau syndical international de solidarité et de luttes dont Solidaires fait aussi partie, ont combattu, et continueront de le faire, les politiques menées par le gouvernement de la Generalitat de Catalunya, et par certaines des personnes inculpées et les partis qu’elles représentent. S’il n’y a pas lieu d’oublier, il s’agit aujourd’hui de refuser la criminalisation du droit de protestation, la remise en cause de la liberté d’agir des organisations politiques et sociales, l’imposition de mesures coercitives par le pouvoir central du Royaume d’Espagne.

C’est à la population qui vit en Catalogne de décider de l’avenir de la Catalogne. Mais les luttes pour la démocratie, pour l’autodétermination des peuples et contre la répression, quelle que soit la région du monde où elles se déroulent, nous concernent tous et toutes ! Pour la libération de tous les prisonniers et prisonnières politiques et leur amnistie, pour la défense des libertés démocratiques, pour une Catalogne sociale, solidarité !


Message de Dominique Noguères, Vice Présidente de la Ligue des Droits de l' Homme (LDH)

Le major dels Mossos d'esquadra, Josep LLuis Trapero, poursuivi pour sédition à la suite du référendum du 1er octobre vient d'être relaxé. Ce délit n'est pas reconnu pour lui.

Après avoir été démis de ses fonctions, malgré un parcours remarquable, notamment à la suite des attentats de Barcelone en août 2017, il risquait 11 ans de prison.

On lui reprochait d'avoir laissé faire ce référendum. Voire de l'avoir facilité.

Si ce délit n'est pas reconnu pour Trapero, peut il l'être pour les autres prisonniers ?

Par ailleurs la répression continue puisque plusieurs membres du bureau du Parlement viennent d'être condamnés toujours dans la ligne du refus de ce référendum.

A quand l’apaisement ?

Pendant ce temps ça bataille dur pour le contrôle du Poder Judicial qui contrôle l'ensemble de la magistrature. Le PP est bien là . Vous avez dit séparation des pouvoirs ?

Dominique Noguéres, Vice présidente de la Ligue des Droits de l' Homme

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