"Une solidarité syndicale indispensable" (4 ); Le discours de la réception de Dolors Bassa par son ancien syndicat, l’UGT


Dolors Bassa, ex Conseillère au "Travail,aux Affaires Sociales et aux familles" du gouvernement de la Generalitat lors du référendum du 1er octobre 2017, a été emprisonnée le 2 novembre 2017 puis condamnée à 12 ans de prison pour sédition avec les 9 autres responsables indépendantistes catalans. Avec eux elle vient de bénéficier d'une mesure de grâce. Elle a été aussi Secrétaire Générale de l' UGT de la région de Girona. Une cérémonie a été organisée pour accueillir Dolors Bassa, suite à sa grâce, en juin dernier dans le Salon des Combattants des Brigades (siège de l'UGT de Catalogne) rempli de délégués et en présence de Pepe Álvarez, secrétaire général de l'UGT, de Camil Ros et de Matías Carnero, secrétaire général et président de l'UGT de Catalogne respectivement,

Photo: Dolors Bassa par Albert Salamé

Lors de l’hommage sont intervenus aussi bien Pepe Álvarez ("il n'a pas été difficile pour nous de demander la grâce") que Dolors elle-même ("Je dois remercier la commission qui a représenté le germe de ce qu'a été l'UGT pendant cette période").

La réunion a débuté par une allocution du porte-parole de la commission, que nous joignons intégralement en annexe.

"Camarades, Dolors,

En tant que porte-parole, pour cet événement, de la Commission des syndiqués UGT pour obtenir ta liberté, je veux te saluer et te remercier pour ta fermeté en ces moments si difficiles pour toi et les tiens.

Sans aucun doute, cela a été un combat difficile et long, trop long, rempli d'obstacles, mais s'il y a quelque chose que nous avons appris, c'est que même dans les moments les plus difficiles, notre syndicat n'a rien fait d'autre que de faire du combat pour ta liberté la norme que l'on peut attendre d'un syndicat ; nous ne laissons sur le chemin aucun des nôtres.

Nous avons été protégés par les plus de 800 délégués qui ont signé le manifeste pour ta liberté. Cette commission a su unir autour d'un objectif, la liberté, au-delà des divergences politiques, contribuant ainsi au fait que notre syndicat a conservé dans ses rangs la plus grande de ses vertus, à savoir que malgré nos opinions différentes, nous sommes unis par l’aspiration à la liberté, à la démocratie.

À chaque réunion, à chaque rencontre, tu as été présente. Tu as également défilé avec nous chaque 1er mai, malgré ton absence. Tout comme ceux qui ont été emprisonnés au titre de l'article 315.1 étaient également présents.

Nous sommes heureux, et tu n’imagines pas à quel point, de te voir ici aujourd'hui, libre. La grâce a été un succès pour tous les syndicalistes et pour les syndicalistes de l’UGT en particulier, parce que notre syndicat s’est situé à la place qu'elle a historiquement occupée pour obtenir des droits et des libertés.

Personne n'aurait jamais dû être emprisonné pour avoir représenté pacifiquement les aspirations d'un peuple, tout comme personne ne doit jamais avoir à subir de poursuites en en tant que travailleur qui lutte pacifiquement pour ses droits, même dans les pires situations telles qu'une grève générale, où le patronat montre sa force alors qu’il ne nous reste que les mots

C'est pourquoi nous nous réjouissons également de l'abrogation de l'art. 315.3, aux termes duquel plus de 300 syndicalistes ont vu leur liberté menacée quand le ministère public, une fois encore le pouvoir judiciaire, a imposé son interprétation, donnant ainsi le feu vert à une répression sans précédent des piquets d'information.

Nous voulions seulement faire ce que comme syndicat il nous revient de faire, pouvoir négocier les contrats collectifs.

Rien que tu ne saches pas, chère Dolors. Une attaque directe contre le syndicalisme.

Pour nous, la commission des syndicalistes UGT pour la liberté de Dolors Bassa prend fin, au moins sous ce nom ; elle s’achève parce que nous considérons atteint le premier objectif, ta liberté.

Mais nous ne renonçons pas à continuer pour recouvrer tous les droits qui t’ont été volés par l'État, ni pour « libérer » les plus de 4 000 dossiers qui ont été rédigés contre les travailleurs poursuivis, résultat du combat pour la démocratie de nos jeunes qui sont descendus dans la rue en exigeant aussi bien ta liberté que dans le reste de l’État.

Nous ne renonçons pas à poursuivre jusqu’à l’abrogation de la réforme du droit du travail, la loi bâillon et toutes ces normes ou ces actes qui voudront étouffer notre voix, nos droits et notre liberté. C’est pour cette raison que notre commission fait apparaître son besoin de continuité.

Permettez-moi d’utiliser cette tribune pour faire connaître à Dolors une question personnelle même si partagée par tous les membres de la commission. La voici : malgré nos éventuelles divergences politiques ou syndicales, quelque chose nous unit, plus importante même que l’appartenance au même syndicat : nous sommes membres de la même classe, la classe laborieuse et de son unité indispensable pour toute victoire, et que ta présence aujourd’hui ici, libre, n’est qu’une expression d’une conquête. Nous ne laissons aucun des nôtres en chemin."


(Article paru dans « informacion obrera ») Correspondant

Voir aussi entretien à Dolors Bassa: nous n'avons pas gagné (catalan)

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