Le témoignage malveillant d’un lieutenant des Mossos d’Esquadra met à mal la défense de Jordi Sànchez

Par : Josep Casulleras Nualart
Il y a un risque à faire témoigner un individu tel que Carles Hernández, dont le comportement en tant que chef de la Brimo (Brigade mobile) a choqué lors des incidents du 6 décembre dernier à Girona
La défense de Joaquim Forn a proposé au tribunal d'entendre l’un des témoignages les plus compliqués et les plus équivoques pour la stratégie des défenses, particulièrement pour la défense de Jordi Sànchez. L’avocat Me Xavier Melero a cité à déclarer devant le Tribunal suprême espagnol pour le procès contre le « procès » le lieutenant Carles Hernández, sous-chef du Commissariat général de l’information des Mossos d’Esquadra et chef des forces anti-émeutes de la brigade mobile (Brimo) le 20 septembre 2017 pour parler du déroulement de cette journée. Son ton, son langage, son attitude à propos du sens de la mobilisation sociale et de la protestation étaient plus proches du ton, du langage ou de l'attitude que peuvent employer le ministère public ou les agents des forces anti-émeutes de la guardia civil, entendus ici même il n'y a pas si longtemps. A la surprise générale, et des défenses en particulier, il a également reproché à Jordi Sànchez son attitude pendant la mobilisation du 20-S, ce qui pourrait causer à l'ancien président de l'ANC certains problèmes.
Il y a un risque à faire témoigner quelqu’un comme Carles Hernàndez, un individu au comportement controversé en tant que chef de la Brimo, en particulier lors des incidents du 6 décembre dernier à Girona, quand, avec une matraque extensible et sans casque, il avait lui-même agressé des manifestants qui protestaient contre un rassemblement du parti d’extrême-droite VOX [pour plus d’informations, voir : que faisait le lieutenant de la Brimo des Mossos tabassant les manifestants à Gérone ? (catalan). Il a reconnu au début de son interrogatoire que, à la suite de ces faits, une instruction avait été ouverte par le juge d'instruction du tribunal 4 de Girona. Peu après sa mise en examen, il a cependant été promu sous-chef du Commissariat général à l'information, remplacé par Xavier Pastor à la tête de la Brimo.
“Sànchez a eu une attitude arrogante”
Mais, aujourd'hui, Hernández est venu déposer en sa qualité de chef de la Brimo, le 20 septembre, lors du grand rassemblement devant le ministère catalan de l'Economie. Il mourrait d'envie de parler et de raconter dans le détail comment il avait essayé d'exécuter l'ordre reçu de ses supérieurs, ce jour-là, vers 18 heures. L'ordre était d'établir un cordon policier pour protéger la sortie de la brigade judiciaire qui perquisitionnait à l'intérieur du ministère. Le problème était qu'à cette heure-là des dizaines de milliers de manifestants étaient rassemblés rendant difficile la mise en place d'un cordon d'agents anti-émeutes des Mossos. Dans sa déclaration, il a mis en cause plus ou moins directement l'attitude qu'auraient eue un grand nombre de manifestants, la solidité et la fiabilité du cordon mis en place par les volontaires de l'ANC permettant d'entrer et de sortir du bâtiment et, surtout, l'attitude de Jordi Sànchez.
Il est évident qu'au cours de ce procès les défenses des accusés n'ont pu véritablement et efficacement se coordonner, mais entendre la déposition de ce témoin mettant en danger la stratégie de défense de l'un de ces accusés est surprenant. Voyons, sinon, comment l'ancien chef de la Brimo a parlé de l'ancien président de l'ANC. Il est 21h15, le 20 septembre, et Hernández essaye d'arriver jusqu'à la porte d'entrée du ministère catalan de l'Economie pour y mettre en place le dispositif anti-émeutes. D'autres officiers des Mossos sont en train de parler avec Jordi Sànchez, Jordi Cuixart et Lluis Llach. Ils l'appellent pour parler avec Sànchez. “A ce moment-là, pour être sincère, l'attitude de M. Jordi Sànchez était hautaine, arrogante et compliquée pour moi parce qu'il m'a demandé instamment de retirer la Brimo. “Ce que tu fais, n'est pas ce dont nous étions convenus, allez-vous-en !” Je lui ai répondu que j'étais le chef de la Brimo, que j'avais des ordres très clairs pour aider à faire sortir la brigade judiciaire et, qu'il le veuille ou non, je parviendrais à la porte du ministère. M. Jordi Sànchez prend alors son portable et me dit qu'il va appeler le président et le ministre et que je devrai quitter les lieux. Je lui ai répondu qu'il fasse ce qu'il avait à faire. Cela est enregistré car j'avais derrière moi un collègue avec une caméra auquel j'avais dit : “Enregistre-le”. Sànchez a passé un coup de fil, j'ignore s'il a parlé avec le président ou avec le ministre, mais je peux vous répéter ses paroles du début : “Trapero est fou, il a perdu la tête, enlève la Brimo d'ici”. Il se retourne et je n'entends plus rien. Quand il raccroche, il s'adresse à moi et me dit que bientôt Trapero recevra un appel et que nous partirons d'ici. Ma réponse est la suivante : “Vous pouvez appeler le Pape à Rome, s'il ne donne pas l'ordre contraire à ma hiérarchie, j'arriverai jusqu'au ministère de l'Economie”.
Les visages des avocats étaient tout un poème: le sourire d’incrédulité de Me Àlex Solà ; le regard fixe et sérieux de Me Jordi Pina; Jordi Sànchez, mordillant ses lunettes... On ne voyait pas clairement si, pour Me Melero, le témoin s'était mis à divaguer ou si tout se déroulait comme il l'avait voulu.
Hernández s'exprime d'un seul trait, rapidement, sa bouche est sèche, mais il n'en a cure. Il poursuit. Il dit que, plus tard dans la soirée, Sànchez a de nouveau parlé avec lui et que son attitude avait totalement changé, il était prêt à collaborer. Je lui ai même demandé son numéro de téléphone”, dit-il. Mais, à ce moment-là, le témoin a déjà fait planer sur le prétoire l'ombre des soupçons et les suspiscions incriminantes sur Sànchez. Dans un procès comme celui-ci, n'importe quelle anecdote peut être utilisée comme un chef d'accusation, et l'un des chefs construits par les accusations contre Jordi Sànchez est de s'être attribué un rôle qui n'était pas le sien ce jour-là devant le ministère de l'économie, d'avoir eu une ascendance non seulement sur les membres de l'ANC et sur les manifestants, mais également sur le gouvernement et les autorités et d'avoir utilisé ce rôle pour entraver la tâche de la justice et de la police et pour favoriser le blocus de la brigade judiciaire.
Canettes de bière et chien
Le témoignage de Hernández n'aide pas non plus les défenses lorsqu'il renforce un autre des chefs d'accusation cherchant à démontrer le comportement violent et hostile des manifestants, en particulier lorsque ceux-ci jettent des bouteilles contre des agents de médiation du corps des Mossos d'Esquadra, les ayant pris par erreur pour des agents de la Guardia civil. Hernández a exagéré cet épisode isolé orchestré par quelques individus seulement, “Ils les ont pris pour des agents de la Guardia civil en civil et ceux-ci ont reçu une pluie de bouteilles en plastique, des liquides. Quand je me suis rendu compte que les gens allaient les agresser, je suis entré dans le cordon. Beaucoup de gens poursuivaient mes hommes, il y avait des milliers de personnes criant et insultant”. Il a expliqué qu'il avait téléphoné à Jordi Sànchez pour qu'il informe les gens qu'il ne s'agissait pas d'agents de la Guardia civil mais de Mossos et que lui-même avait fini par le faire, grimpé sur un fourgon, avec un mégaphone. Plus encore : le chef de la Brimo a tellement insisté sur les incidents des dernières heures du rassemblement, quand le plus gros des manifestants était déjà parti, au cours desquelles les forces anti-émeutes avaient chargé, qu'il semblait qu'il parlait de l'ensemble de la journée. Me Melero cherchait à faire dire au témoin que le climat pendant ces dernières heures et le comportement des manifestants étaient bien différents de ceux observés tout au long de la journée. Mais Hernández en parlait comme d'une jouissance. “C'était plein de gens, de gens jouant aux cartes, de gens alcoolisés... Ce n'était pas les mêmes gens, en effet... Quand quelqu'un dit que cette manifestation a été festive, la fête ils l'ont faite pendant la nuit parce que le sol était jonché de canettes de bière et quand nous nous sommes mis en place, les canettes pleuvaient sur nos têtes”.
L'inquiétude ressentie par certains avocats hier à propos de la future déposition de l’ex-patron de la Brimo était justifiée. Non seulement le témoin semblait tirer profit de sa déposition pour régler ses comptes mais surtout il était impossible de comprendre comment celle-ci aurait pu aider Joaquim Forn. Peut-être du fait que les supérieurs de Hernández, les commandants des Mossos, avaient tout le temps demandé la mise en place d'un cordon de police pour isoler et protéger la brigade judiciaire lors de sa sortie ? Peut-être, oui. Mais le témoin ne s'est pas gêné pour lancer également des piques contre ses supérieurs, quand il a dit, par exemple, que les ordres reçus concernant les personnes que ses hommes et lui devaient aider à sortir, étaient confus. “À mon arrivée, on me dit que je dois faire sortir la greffière et cinq autres agents en civil de la Guardia civil. Une demi-heure plus tard, on me dit qu’ils sont dix ; puis dix minutes plus tard, on me rappelle pour me dire qu’ils sont quinze... Et nous tombons dans l'absurde quand ils me rappellent pour me dire que je dois faire sortir le chien, qu’ils avaient fait la perquisition avec un chien et que le commandement aurait dû me prévenir”. Le témoignage de Carles Hernández a été si malveillant que les procureurs n’ont pas jugé bon de l'interroger .
PLUS D’INFORMATIONS
À la fin de la séance d’aujourd’hui, le juge Manuel Marchena a interrompu brusquement l’avocate Me Marina Roig pendant son interrogatoire au Secrétaire général du CCOO (Comissions Obreres), Javier Pacheco. Marchena voulait empêcher “tout manifeste syndical sur ce qui s’est passé le Premier octobre”, mais Me Roig voulait seulement interroger Pacheco sur le Pacte national pour le référendum. «Cette question n’a aucune pertinence juridique», a jeté Marchena à Me Roig quand elle a redemandé quel était le rôle des CCOO dans le Pacte. De cette façon, il a voulu limiter l’interrogatoire aux seuls faits perçus par Pacheco le 20-S (video en espagnol).
QUE SE PASSERA-T-IL DEMAIN?
Demain débuteront trois séances au cours desquelles le tribunal entendra les témoignages de citoyens présents dans divers bureaux de vote le 1-O. La défense de l’ancien président de l’ANC Jordi Sànchez a cité à déclarer plus de cinquante témoins.
Ce sont soit des témoins de la violence policière, soit des victimes s'étant trouvé dans les bureaux de vote de Dosrius (Maresme), Girona, Barcelone, Vilanova de Bellpuig (PLA d’Urgell), Cànoves et Samalús (Vallès Oriental), Tortosa, PACS del Penedès (Alt Penedès), Santa Maria d’Oló (Moianès), Callús (Bages), Cabrils (Maresme), Saint-Vincent-de-Castellet (Bages), Arenys de Munt (Maresme), le Catllar (Tarragonès), Badalona (Barcelonès), la Pobla de Mafumet (Tarragonès), Anglesola (Urgell), Alforja (Baix Camp), Lliçà de Vall (Vallès Est), Balenyà (Osona), Vic (Osona), la Senia (Montsià), Alella (Maresme), Vilanova del Vallès (Vallès oriental), Pallejà (Baix Llobregat), Calella (Maresme), Llinars del Vallès (Vallès oriental), Terrassa (Vallès Occidental), Caldes de Montbui (Vallès Est), Sant Esteve Sesrovires (Baix Llobregat), Sant Miquel de Balenyà (Osona), Vallbona d’Anoia (Anoia) et Sant Joan de Vilatorrada (Bages).
Source :
Le témoignage malveillant d’un lieutenant des Mossos d’Esquadra met à mal la défense de Jordi Sànchez (catalan)
La défense de Joaquim Forn a proposé au tribunal d'entendre l’un des témoignages les plus compliqués et les plus équivoques pour la stratégie des défenses, particulièrement pour la défense de Jordi Sànchez. L’avocat Me Xavier Melero a cité à déclarer devant le Tribunal suprême espagnol pour le procès contre le « procès » le lieutenant Carles Hernández, sous-chef du Commissariat général de l’information des Mossos d’Esquadra et chef des forces anti-émeutes de la brigade mobile (Brimo) le 20 septembre 2017 pour parler du déroulement de cette journée. Son ton, son langage, son attitude à propos du sens de la mobilisation sociale et de la protestation étaient plus proches du ton, du langage ou de l'attitude que peuvent employer le ministère public ou les agents des forces anti-émeutes de la guardia civil, entendus ici même il n'y a pas si longtemps. A la surprise générale, et des défenses en particulier, il a également reproché à Jordi Sànchez son attitude pendant la mobilisation du 20-S, ce qui pourrait causer à l'ancien président de l'ANC certains problèmes.
Il y a un risque à faire témoigner quelqu’un comme Carles Hernàndez, un individu au comportement controversé en tant que chef de la Brimo, en particulier lors des incidents du 6 décembre dernier à Girona, quand, avec une matraque extensible et sans casque, il avait lui-même agressé des manifestants qui protestaient contre un rassemblement du parti d’extrême-droite VOX [pour plus d’informations, voir : que faisait le lieutenant de la Brimo des Mossos tabassant les manifestants à Gérone ? (catalan). Il a reconnu au début de son interrogatoire que, à la suite de ces faits, une instruction avait été ouverte par le juge d'instruction du tribunal 4 de Girona. Peu après sa mise en examen, il a cependant été promu sous-chef du Commissariat général à l'information, remplacé par Xavier Pastor à la tête de la Brimo.
“Sànchez a eu une attitude arrogante”
Mais, aujourd'hui, Hernández est venu déposer en sa qualité de chef de la Brimo, le 20 septembre, lors du grand rassemblement devant le ministère catalan de l'Economie. Il mourrait d'envie de parler et de raconter dans le détail comment il avait essayé d'exécuter l'ordre reçu de ses supérieurs, ce jour-là, vers 18 heures. L'ordre était d'établir un cordon policier pour protéger la sortie de la brigade judiciaire qui perquisitionnait à l'intérieur du ministère. Le problème était qu'à cette heure-là des dizaines de milliers de manifestants étaient rassemblés rendant difficile la mise en place d'un cordon d'agents anti-émeutes des Mossos. Dans sa déclaration, il a mis en cause plus ou moins directement l'attitude qu'auraient eue un grand nombre de manifestants, la solidité et la fiabilité du cordon mis en place par les volontaires de l'ANC permettant d'entrer et de sortir du bâtiment et, surtout, l'attitude de Jordi Sànchez.
Il est évident qu'au cours de ce procès les défenses des accusés n'ont pu véritablement et efficacement se coordonner, mais entendre la déposition de ce témoin mettant en danger la stratégie de défense de l'un de ces accusés est surprenant. Voyons, sinon, comment l'ancien chef de la Brimo a parlé de l'ancien président de l'ANC. Il est 21h15, le 20 septembre, et Hernández essaye d'arriver jusqu'à la porte d'entrée du ministère catalan de l'Economie pour y mettre en place le dispositif anti-émeutes. D'autres officiers des Mossos sont en train de parler avec Jordi Sànchez, Jordi Cuixart et Lluis Llach. Ils l'appellent pour parler avec Sànchez. “A ce moment-là, pour être sincère, l'attitude de M. Jordi Sànchez était hautaine, arrogante et compliquée pour moi parce qu'il m'a demandé instamment de retirer la Brimo. “Ce que tu fais, n'est pas ce dont nous étions convenus, allez-vous-en !” Je lui ai répondu que j'étais le chef de la Brimo, que j'avais des ordres très clairs pour aider à faire sortir la brigade judiciaire et, qu'il le veuille ou non, je parviendrais à la porte du ministère. M. Jordi Sànchez prend alors son portable et me dit qu'il va appeler le président et le ministre et que je devrai quitter les lieux. Je lui ai répondu qu'il fasse ce qu'il avait à faire. Cela est enregistré car j'avais derrière moi un collègue avec une caméra auquel j'avais dit : “Enregistre-le”. Sànchez a passé un coup de fil, j'ignore s'il a parlé avec le président ou avec le ministre, mais je peux vous répéter ses paroles du début : “Trapero est fou, il a perdu la tête, enlève la Brimo d'ici”. Il se retourne et je n'entends plus rien. Quand il raccroche, il s'adresse à moi et me dit que bientôt Trapero recevra un appel et que nous partirons d'ici. Ma réponse est la suivante : “Vous pouvez appeler le Pape à Rome, s'il ne donne pas l'ordre contraire à ma hiérarchie, j'arriverai jusqu'au ministère de l'Economie”.
Les visages des avocats étaient tout un poème: le sourire d’incrédulité de Me Àlex Solà ; le regard fixe et sérieux de Me Jordi Pina; Jordi Sànchez, mordillant ses lunettes... On ne voyait pas clairement si, pour Me Melero, le témoin s'était mis à divaguer ou si tout se déroulait comme il l'avait voulu.
Hernández s'exprime d'un seul trait, rapidement, sa bouche est sèche, mais il n'en a cure. Il poursuit. Il dit que, plus tard dans la soirée, Sànchez a de nouveau parlé avec lui et que son attitude avait totalement changé, il était prêt à collaborer. Je lui ai même demandé son numéro de téléphone”, dit-il. Mais, à ce moment-là, le témoin a déjà fait planer sur le prétoire l'ombre des soupçons et les suspiscions incriminantes sur Sànchez. Dans un procès comme celui-ci, n'importe quelle anecdote peut être utilisée comme un chef d'accusation, et l'un des chefs construits par les accusations contre Jordi Sànchez est de s'être attribué un rôle qui n'était pas le sien ce jour-là devant le ministère de l'économie, d'avoir eu une ascendance non seulement sur les membres de l'ANC et sur les manifestants, mais également sur le gouvernement et les autorités et d'avoir utilisé ce rôle pour entraver la tâche de la justice et de la police et pour favoriser le blocus de la brigade judiciaire.
Canettes de bière et chien
Le témoignage de Hernández n'aide pas non plus les défenses lorsqu'il renforce un autre des chefs d'accusation cherchant à démontrer le comportement violent et hostile des manifestants, en particulier lorsque ceux-ci jettent des bouteilles contre des agents de médiation du corps des Mossos d'Esquadra, les ayant pris par erreur pour des agents de la Guardia civil. Hernández a exagéré cet épisode isolé orchestré par quelques individus seulement, “Ils les ont pris pour des agents de la Guardia civil en civil et ceux-ci ont reçu une pluie de bouteilles en plastique, des liquides. Quand je me suis rendu compte que les gens allaient les agresser, je suis entré dans le cordon. Beaucoup de gens poursuivaient mes hommes, il y avait des milliers de personnes criant et insultant”. Il a expliqué qu'il avait téléphoné à Jordi Sànchez pour qu'il informe les gens qu'il ne s'agissait pas d'agents de la Guardia civil mais de Mossos et que lui-même avait fini par le faire, grimpé sur un fourgon, avec un mégaphone. Plus encore : le chef de la Brimo a tellement insisté sur les incidents des dernières heures du rassemblement, quand le plus gros des manifestants était déjà parti, au cours desquelles les forces anti-émeutes avaient chargé, qu'il semblait qu'il parlait de l'ensemble de la journée. Me Melero cherchait à faire dire au témoin que le climat pendant ces dernières heures et le comportement des manifestants étaient bien différents de ceux observés tout au long de la journée. Mais Hernández en parlait comme d'une jouissance. “C'était plein de gens, de gens jouant aux cartes, de gens alcoolisés... Ce n'était pas les mêmes gens, en effet... Quand quelqu'un dit que cette manifestation a été festive, la fête ils l'ont faite pendant la nuit parce que le sol était jonché de canettes de bière et quand nous nous sommes mis en place, les canettes pleuvaient sur nos têtes”.
L'inquiétude ressentie par certains avocats hier à propos de la future déposition de l’ex-patron de la Brimo était justifiée. Non seulement le témoin semblait tirer profit de sa déposition pour régler ses comptes mais surtout il était impossible de comprendre comment celle-ci aurait pu aider Joaquim Forn. Peut-être du fait que les supérieurs de Hernández, les commandants des Mossos, avaient tout le temps demandé la mise en place d'un cordon de police pour isoler et protéger la brigade judiciaire lors de sa sortie ? Peut-être, oui. Mais le témoin ne s'est pas gêné pour lancer également des piques contre ses supérieurs, quand il a dit, par exemple, que les ordres reçus concernant les personnes que ses hommes et lui devaient aider à sortir, étaient confus. “À mon arrivée, on me dit que je dois faire sortir la greffière et cinq autres agents en civil de la Guardia civil. Une demi-heure plus tard, on me dit qu’ils sont dix ; puis dix minutes plus tard, on me rappelle pour me dire qu’ils sont quinze... Et nous tombons dans l'absurde quand ils me rappellent pour me dire que je dois faire sortir le chien, qu’ils avaient fait la perquisition avec un chien et que le commandement aurait dû me prévenir”. Le témoignage de Carles Hernández a été si malveillant que les procureurs n’ont pas jugé bon de l'interroger .
PLUS D’INFORMATIONS
À la fin de la séance d’aujourd’hui, le juge Manuel Marchena a interrompu brusquement l’avocate Me Marina Roig pendant son interrogatoire au Secrétaire général du CCOO (Comissions Obreres), Javier Pacheco. Marchena voulait empêcher “tout manifeste syndical sur ce qui s’est passé le Premier octobre”, mais Me Roig voulait seulement interroger Pacheco sur le Pacte national pour le référendum. «Cette question n’a aucune pertinence juridique», a jeté Marchena à Me Roig quand elle a redemandé quel était le rôle des CCOO dans le Pacte. De cette façon, il a voulu limiter l’interrogatoire aux seuls faits perçus par Pacheco le 20-S (video en espagnol).
QUE SE PASSERA-T-IL DEMAIN?
Demain débuteront trois séances au cours desquelles le tribunal entendra les témoignages de citoyens présents dans divers bureaux de vote le 1-O. La défense de l’ancien président de l’ANC Jordi Sànchez a cité à déclarer plus de cinquante témoins.
Ce sont soit des témoins de la violence policière, soit des victimes s'étant trouvé dans les bureaux de vote de Dosrius (Maresme), Girona, Barcelone, Vilanova de Bellpuig (PLA d’Urgell), Cànoves et Samalús (Vallès Oriental), Tortosa, PACS del Penedès (Alt Penedès), Santa Maria d’Oló (Moianès), Callús (Bages), Cabrils (Maresme), Saint-Vincent-de-Castellet (Bages), Arenys de Munt (Maresme), le Catllar (Tarragonès), Badalona (Barcelonès), la Pobla de Mafumet (Tarragonès), Anglesola (Urgell), Alforja (Baix Camp), Lliçà de Vall (Vallès Est), Balenyà (Osona), Vic (Osona), la Senia (Montsià), Alella (Maresme), Vilanova del Vallès (Vallès oriental), Pallejà (Baix Llobregat), Calella (Maresme), Llinars del Vallès (Vallès oriental), Terrassa (Vallès Occidental), Caldes de Montbui (Vallès Est), Sant Esteve Sesrovires (Baix Llobregat), Sant Miquel de Balenyà (Osona), Vallbona d’Anoia (Anoia) et Sant Joan de Vilatorrada (Bages).
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