Pour la démocratie et pour les libertés en Catalogne



Par André Freire, Fernando Rosas, J.-M. Nobre-Correia, Manuel Loff et Isabel Pires

Les signataires de ce manifeste, considèrent que la question Catalane est de nature éminemment politique.


En février, a commencé à Madrid, au Tribunal Suprême, le procès de 12 responsables politiques et associatifs catalans. Ces derniers sont accusés par l'État espagnol de “rébellion”, “sédition” et de “détournement de fonds”, pour avoir organisé et mis en œuvre le référendum sur l'indépendance de la Catalogne, le 1er octobre 2017. Les accusés, détenus depuis un an et demi, se déclarent “prisonniers politiques”, et le procès a été décrit par plusieurs organisations et personnalités à l'échelon international (la Prix Nobel de la Paix Jody Williams, les parlementaires de différents pays, etc.) comme un procès politique, et ont exigé la libération des accusés.

Cependant, ce ne sont pas seulement les leaders politiques et sociaux catalans qui sont persécutés par l'État espagnol et le pouvoir judiciaire ; il y a des milliers de citoyennes et citoyens catalans qui ont participé à l'organisation dudit référendum et qui font l’objet de poursuites judiciaires et risquent la prison et/ou de lourdes sanctions. C'est le cas de plusieurs professeurs d'université (de sciences politiques et de droit), nommés par le gouvernement Catalan pour surveiller le référendum, ce qui a conduit l'Association Américaine de Science Politique (APSA) à demander au Premier ministre Pedro Sánchez que le gouvernement espagnol retire immédiatement les charges retenues contre ces professionnels. Et il est révélateur que les autorités et les médias catalans aient été officiellement interdit d’employer des expressions telles que “prisonniers politiques” et “exilés”.

L'accusation de “sédition” (c’est à dire, “le soulèvement collectif de nature contestataire contre les autorités ou pouvoir établi, généralement de façon violente”) représente une tentative évidente de criminaliser une position politique. Et cela souffre aussi d’un manque d'objectivité : les télévisions et les journaux du monde entier ont clairement montré que c'était l'Etat espagnol qui avait engagé une mobilisation sans précédent des forces de police pour qu’elles utilisent la force contre des citoyens sans défense, et pour qu’elles empêchent la tenue du référendum d'octobre 2017. Le procès actuel contre les indépendantistes catalans pose donc un grave problème de libertés publiques et de démocratie. Et cela d'autant plus que la Justice espagnole est considérée comme l'une des plus politisées d’Europe et largement suspectée d’impartialité.

Luttons pour la libération immédiate des dirigeants politiques et associatifs catalans emprisonnés
Les plus récentes causes de la crise actuelle remontent à 2010 : pendant le gouvernement de José Luis Zapatero (alors chef du parti socialiste espagnol et premier ministre) a été approuvée une réforme du Statut de la Catalogne, dans un sens plus fédéral. Cette réforme a été approuvée par 85% des députés du Parlement de la Catalogne (2005), par 73,9% des électeurs de Catalogne (2006) et, dans une version plus minimaliste, par une majorité absolue au Congrès des Députés d'Espagne (2006). Cependant, le Parti Populaire a exercé un recours auprès du Tribunal Constitutionnel faisant rejeter 41 articles du Statut, conduisant aussitôt à l'impasse politique et constitutionnelle actuelle.

Les signataires de ce manifeste considèrent que la question catalane est de nature éminemment politique, exigeant des solutions politiques et non judiciaires, c’est pourquoi ils réclament la libération immédiate des dirigeants politiques et associatifs catalans emprisonnés. Ils souhaitent également que soient levées les accusations contre tous les citoyens catalans qui ont participé à l'organisation du référendum. Et ils exhortent les responsables politiques espagnols et catalans à trouver une solution politique, pour que les citoyens de Catalogne (“indépendantistes” ou “unionistes”) puissent, dans des conditions d'égalité et d’équité, voter librement sur leur destin politique et institutionnel. Pour le bien de tous, de la Catalogne, de l'Espagne et de l'Union Européenne.

Signataires :
Abilio Hernandez, professeur de littérature et d'esthétique (*) ; Adelino Maltez, politologue (*) ; Alfredo Barroso, chroniqueur et essayiste ; Alfredo Caldeira, juriste ; Álvaro Garrido, historien ( * ) ; Ana Sofia Ferreira, historienne (*) ; Andreia Lourenço Marques, politologue, activiste des droits humains ; António Borges Coelho, historien (*) ; Ascenso Simões, gestionnaire, adjoint PS ; Boaventura de Sousa Santos, sociologue (*) ; Carlos Vargas, journaliste et économiste ; Cyprien Juste, médecin, dirigeant du Renouveau Communiste (*) ; Daniel Adrião, dirigeant du PS, consultant ; David Duarte, chercheur en philosophie politique ; Diana Andringa, journaliste ; Dominique Lopes, avocat ; Elísio Estanque, sociologue (*) ; Fernando Oliveira Baptista, ingénieur agricole ( * ) ; Philip Piété, chercheur en sciences de l'éducation et sciences politiques ; Francisco Louçã, économiste (*) ; Francisco Oneto Nunes, anthropologue (*) ; Francisco Teixeira, professeur de philosophie et de sciences politiques ; Gaspar Martins Pereira, historien (*); Isabel Faria, médecin, retraitée de la Commission Européenne ; Isabel Moreira, avocate, députée indépendante PS ; Helena Roseta, architecte, députée indépendante du PS ; Joana Mortágua, politologue, députée du BE ; João M. Almeida, chimiste, cadre supérieur de l'administration locale ; João Teixeira Lopes, sociologue (*); Jorge Araújo, biologiste (*) ; José Manuel Pureza, politologue, vice-président de l'Assemblée de la République (*) ; José Pacheco Pereira, historien, publicitaire (*) ; Luis Monteiro, diplômé en archéologie, député du BE ; Manuel Brito, professeur à la retraite, ex-président de l'Institut National des Sports ; Manuel Carvalho da Silva, sociologue, chercheur (*) ; Maria Isabel Loureiro, médecin, professeur de Santé Publique (*) ; M. Carmo Marques Pinto, avocat, membre du gouvernement Appel National Pour la République ; Maria Manuel Rola, designer, députée du BE ; Maria do Rosário Gama, professeur de l'enseignement secondaire, dirigeante de l'APRE ; Marisa Matias, sociologue, eurodéputée pour le BE ; Miguel Cardina, chercheur en sciences sociales ; Miguel Vale de Almeida, anthropologue (*) ; Nelma Moreira, professeur de sciences de l'informatique (*) ; Norberto Cunha, historien ( * ) ; Paula Godinho, anthropologue (*) ; Paulo Fidalgo, médecin, dirigeant du Renouveau Communiste ; Paulo Filipe Monteiro, directeur (*) ; Pedro Bacelar Vasconcelos, constitutiuonnaliste (*) ; Ricardo Sá Fernandes, avocat ; Richard Zimler, écrivain ; Rui Pato, médecin et musicien ; Rui Pereira, professeur, journaliste et essayiste (* ) ; Rui Sá, ingénieur et membre de l'Assemblée Municipale de Porto pour la CDU ; Rui Tavares, historien, responsable de la liberté ; Sandrina Antunes, politologue (*) ; Sónia Duarte, professeur de l'enseignement secondaire et chercheur en linguistique ; Ulisses Pereira, économiste, député du PSD. (*) professeur de l'université.

Source :
Pour la démocratie et pour les libertés en Catalogne

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